Opella : tout simplement le plus gros LBO de tous les temps en France

Lors de la session de clôture de mardi dernier de notre troisième édition de l’ICCF2@HEC Paris (M&A, Ingénierie financière et Financements) nous avions eu l’occasion d’évoquer la reprise possible de certaines opérations de taille majeure, comme celle attendue d’Opella, l’activité grand public du groupe Sanofi (que les journalistes désignent trop succinctement comme le Doliprane).

La confirmation hier matin d’une exclusivité de négociation donnée par Sanofi au fonds de Private Equity américain CD&R - Clayton, Dubilier & Rice- un vieux routier du Private Equity que les familiers du LBO connaissent très bien- est emblématique à au moins trois titres.

D’abord, cette opération semble bien partie pour se faire, la notion d’exclusivité en M&A ayant un caractère souvent plus formel qu’autre chose, car personne n’imagine un seul instant que Sanofi ait donné à la légère une exclusivité à un acheteur sans assurer ses arrières. C’est à dire conclure avec un candidat crédible, engagé et financé.

Ensuite, il ne s’agit pas du tout d’une opération anodine. Non pas tant par les voix de certains responsables politiques qui y voient une occasion de fustiger une cession de contrôle à un acteur financier non français. Mais avant tout par la taille du LBO dont il s’agit : on parle ici sans doute d'environ 15 milliards d’euros de Valeur d’Entreprise. Et avec la mobilisation de montants colossaux de dettes bancaires et financières puisqu’il s’agira à l’évidence d’une acquisition avec effet de levier.

Ni plus ni moins que le plus gros LBO de tous les temps en France. Et, à date, de très loin le plus important de cette année annoncé en Europe.

Enfin, et si la conclusion de cette opération se confirme comme il y a tout lieu de l’anticiper sauf aléa lié à un éventuel blocage politique, une telle opération pourrait bien constituer le marqueur et le catalyseur de la reprise des grandes opérations financières en France, notamment des opérations de Private Equity.

Un redémarrage que nous avons souvent évoqué et commenté, et que les opérateurs et les observateurs du monde de l’ingénierie financière guettent depuis maintenant plus de deux ans.

Par Marc VERMEULEN, Professeur Associé à HEC Paris