Exosens (ex-Photonis) ou l’art d’y voir clair en toutes circonstances…
Le 02 juillet 2024

Exosens (anciennement Photonis) est cette pépite technologique française de l’optronique qui fabrique des tubes d’intensification de lumière pour la vision nocturne à usage militaire et industriel.
Son métier, c’est donc d’y voir clair. Et cette vision industrielle se double d’une clairvoyance stratégique et financière tant Exosens a su tirer parti de la succession assez incroyable de son actionnariat depuis plus de 25 ans.
La petite unité crée par Philips en 1937 à Brive-la-Gaillarde, où elle est toujours, que le groupe néerlandais cède en 1998, connaît depuis lors 4 LBO successifs, sous l’égide d’Axa Private Equity, puis du duo Astorg/Barclays PE puis de nouveau par Axa Private Equity (devenu aujourd’hui Ardian). Après la tentative de rachat par l’américain Teledyne, bloquée finalement par les pouvoirs publics français, Exosens entame en 2021 son 4ème LBO sous l’égide du fonds français HLD.
Et la recomposition de son capital vient de se poursuivre, en ce mois de juin 2024, par une IPO qui a rencontré un grand succès, avec, à la clé, une capitalisation boursière d’un milliard d’euros.
Grâce à un placement des titres ultra-court, rendu possible par l’absence d’offre aux particuliers que permet maintenant la réglementation française, la première cotation de l’action Exosens est intervenue le vendredi qui a tout juste précédé les élections européennes. Et dont le résultat a provoqué les jours suivants la secousse boursière en France que l’on connaît. A quelques jours près, cette IPO aurait pu ne pas se faire en raison de la frilosité soudaine des investisseurs face aux incertitudes politiques… De la chance pour Exosens, sans doute, mais aussi, là encore, une bonne vision financière et tactique.
La saga industrielle et actionnariale d’Exosens illustre bien plusieurs caractéristiques de la structuration du capital des entreprises.
Les grandes techniques qui font et défont le capital (M&A, LBOs, IPOs, Spin off etc) ne s’excluent pas mais se combinent souvent en séquence avec, à chaque étape de la vie de l’entreprise, la vision de la bonne structure au bon moment.
Ensuite, et comme on l’entend encore parfois, le LBO-voire même plusieurs LBO successifs même s’il faut se méfier du LBO permanent- ne se fait pas au détriment du développement et de la santé des entreprises. Et le plus souvent bien au contraire.
Enfin, en matière de structure de capital, si la connaissance intime des techniques est évidemment primordiale, le pragmatisme et la flexibilité sont de mise compte tenu de l’incertitude et de la versatilité des marchés.
A en juger par le joli destin d’Exosens, on finirait pas croire que de bonnes lunettes à vision nocturne peuvent aider à y voir clair dans des marchés financiers parfois obscurs…
Auteur : Marc VERMEULEN